• Chapitre 29: Le Tibet

    Nous sommes partis quatre mois après avoir libéré Rodrigue de sa prison. Arcadi nous a donné une voiture, du genre 4x4, ainsi qu’une route routière.

    Rodrigue a pris d’office le volant. De nous deux, il est le seul à savoir conduire.

    Je savais que la voiture ne lui faisait rien mais cela m’a quand même surprise. Tout ce qu’il a trouvé à me dire à ce sujet est qu’il me réserve encore bien des surprises. J’ai cru que j’allais le jeter dans la Volga.

    Arrivé à Kazan*, nous avons fait une halte de deux jours pour faire le plein de nourritures et d’essence. Nous ignorions à ce moment-là combien de kilomètres nous sépare de la Chine mais d’après les estimations de Rodrigue si on passe par le Tibet ce sera plus court.

    J’en doute mais bon faisons lui confiance après tout il est meilleure que moi en géographie. Et surtout il est censé avoir le sens de l’orientation. Comparé à moi.

    - Eris podría tú señalarme el norte por favor. (Eris pourrais tu m’indiquer le nord s’il te plait.)

    - Oh…por…allí. (Heu…par…là.)

    - Oh…ok…verdaderamente te eres una mierda en orientación. Nan pero porque allí tú me señala el oeste. (Ah…ok…t’es vraiment une merde en orientation. Nan mais parce que là tu m’indique l’ouest.)

    - ¿ Pero entonces por qué tú me pide el norte si lo sabes? (Mais alors pourquoi tu me demande le nord si tu le sais ?)

    - … ¿ Para burlarme de ti? (…Pour me moquer de toi ?)

    - Te detesto. (J’te déteste.)

    Et c’est sur cette bonne parole que plusieurs semaines voire un bon mois plus tard nous traversons toute la Russie et apercevons la silhouette de l’Himalaya**. Avec le brouillard et le coucher de soleil en arrière-plan : grandiose. Surtout comment les rayons du soleil découpe le profil de Rodrigue lui donnant une allure de…

    -Roi.

    Les « chemins » caillouteux nous mènent dans un petit village, au pied de cette imposante et spectaculaire chaîne de montagne, où nous nous arrêtons pour la nuit. Le moi d’octobre est déjà bien entamé. Ça veut dire que Rodrigue et moi sommes ensemble depuis plus d’un an ? Incroyable. Le temps passe si vite.

    Je le vois revenir vers moi en souriant.

    - Ven Eris. Es gente quiso albergarnos bien para la noche. (Viens Eris. C’est gens ont bien voulus nous héberger pour la nuit.)

    - O.k.. Ignoraba que hablabas tibetano. (Ok. J’ignorais que tu parlais tibétain.)

    - ¿ Hum? Oh pues bien…no hablo de eso una palabra sino la lengua de los signos es internacional entonces… (Hum ? Oh eh bien…je n’en parle pas un mot mais la langue des signes est internationale alors…)

    - ¿ QUÉ? ¿ Hablas la lengua de los signos y no me dijiste nada? (QUOI ? Tu parles la langue des signes et tu ne m’as rien dit ?)

    - ¿ Por qué tú te enerva? (Pourquoi tu t’énerve ?)

    - ¿ Por qué me pongo nervioso? ¡ Pero pobre tallarín! ¡ La lengua de los signos te habría evitado bastantes aburrimientos! ¡ Y me pongo nervioso porque no me dijiste nada! ¡ Idiota! (Pourquoi je m’énerve ? Mais pauvre nouille ! La langue des signes t’aurait évité pas mal d’ennuis ! Et je m’énerve parce que tu ne m’as rien dit ! Idiot !)

    Il me surprendra toujours. Je continue de le gronder jusqu’à la maison du couple de tibétain. L’endroit est sobre pour ne pas dire pauvre. Mais ces gens nous accueillent à bras ouvert.

    Après le repas, la femme, qui se nomme (d’après se que j’ai compris) Kurukulla***, nous montre notre chambre.

    Et tout alla très vite. Je ne comprenais plus rien. La situation m’échappa.

    La femme s’écroule en hurlant en se tenant le ventre. Ses cris alertèrent son mari qui arrive en courant. Je suis statufié. Rodrigue réagit à la vitesse de l’éclair. Il l’a pris dans ses bras et la posé sur le lit. Il me jette les clés de la voiture.

    -¡ Eris curso rápido buscar mi material médico! ¡ Rápidamente! (Eris cours vite chercher mon matériel médical ! Vite !)

    Puis il effectue une série de geste avec ses mains vers le mari qui reparti aussitôt. Je reviens peu de temps après ce dernier avec le matériel médical gracieusement offert par Arcadi.

    -¿ Ro ' quién le llega? (Ro’ qu’est-ce qui lui arrive ?)

    Il se mit au travail sans me regarder trop occuper à sa tâche. Mais il prit quand même le temps de nous mettre à la porte Karma****et moi. Il reste avec Kurukulla plusieurs heures.

    Karma et moi sommes resté assis de chaque coté du battant tout ce temps. Nous avons essayé de communiquer. C’est dur quand on ne sait pas la langue ni la langue des signes. Mais avec un peu de terre et de sable avec un petit battons nous avons réussis. J’ai réussi à apaisez ses craintes et j’apprit ainsi que sa femme était enceinte de 7 mois.

    Au bout dans certain temps, un braillement nous fait sursauter. Puis Rodrigue apparut, s’essuyant les bras en sang sur un linge, et nous fait signe d’entre. Karma se précipite auprès de sa femme qui pleure de joie en tenant son bébé.

    Un bébé. Si petit. Si fragile. Si…vivant.

    Je réceptionne Rodrigue avant qu’il ne tombe au sol. Je pose sa tête sur mes genoux. Il est épuisé.

    - ¿ Entonces? (Alors ?)

    - Es una chica. (C’est une fille.)

     

     

     

    *Kazan : ville russe.

    **Himalaya : littéralement « demeure des neiges ». C’est une chaine de montagne.

    ***Kurukulla : prénom tibétain signifiant sagesse.

    ****Karma : prénom tibétain signifiant activité. Karma est le mari de Kurukulla.


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