• Chapitre 25: Laisse moi t'effrayer

    Je suis l’armoire à glace dans l’arrière salle.

    Il lève un lourd rideau en velours pourpre et me laisse passer la première puis il l’abaisse derrière lui.

    La pièce est très sombre. On distingue que très difficilement les formes qui se mouvent dans le noir. Seul une lampe en Crystal jaune éclaire de façon sinistre les deux hommes en face de moi.

    Le premier, confortablement installer dans un fauteuil de style louis XVI en velours rouge, possède des cheveux argent et des yeux bleu glace. Il est presque aussi ridé qu’un vieux parchemin. Il doit être assez vieux. Cet homme est plutôt bien habillé, son costume me fait penser au Private White V.C* de Mitchel, et tient dans sa main un verre de vodka. A sa tête, je pense que c’est leur chef.

    Le deuxième, debout derrière le fauteuil, est beaucoup plus jeune, possède des cheveux blonds et des yeux vert pâle. Il a un air de ressemblance avec le premier homme. Peut-être qu’ils sont de la même famille.

    -Eris…quant Arcadi de demandera qui t’envoie tu diras que tu viens d’une vielle amie.

    Et s’il demande qui ?

    -Tu diras… ‘’celle qui est venue de prendre ce soir d’hiver et qui ne t’as pas pris ainsi que dont le nom ne doit pas être prononcer.’’

    Ça ne veut rien dire.

    -Il comprendra. Même très bien.

    Je jette un coup d’œil au colosse derrière moi. Il me fait signe d’avancer et je m’avance un peu mais reste à une distance respectable de façon à ne pas qu’ils se sentent menacer et pour que je puisse, en cas où, prévoir et éviter un coup mais aussi pour leur montrer que je le crains un peu ou que je n’ai pas peur d’eux. Tout est dans cette confusion. Ce jeu de position est très utilisé en Italie pour éviter que les échanges entre les différentes mafias ne finissent pas en bain de sang. Et on remercie qui pour m’avoir laisser assister à des réunions entre mafieux ? Merci Angelo ! Je t’aime. Je ne pensais pas que ça pouvait être utile dans une situation comme celle-là.

    - YA ishchu Viktora Vladimira Arkadiya Chekhoslovakiyu. Ty byl by etim chelovekom? (Je cherche Victor Vladimir Arcadi Tchénosclovaquie. Seriez-vous cette personne ?)

    - Kto prosit ob etom? (Qui le demande ?)

    - Drug odnogo iz tvoikh starykh druzey. (L’amie d’une de vos vielles amies.)

    - U menya mnogo «starykh druzey», no ni u kogo net zhalkogo russkogo aktsenta. (J’ai beaucoup de ‘’vielles amis’’ mais aucune n’a un accent russe aussi pitoyable.)

    - Normal'no, ya ne russkiy. (Normal. Je ne suis pas russe.)

    - frantsuzskiy? (Française ?)

    - Da. (Oui.)

    - Chto bedra lyagushki prikhodyat iz doma? (Que vient faire une cuisse de grenouille loin de chez elle ?)

    - Tishina Endryu, eto ne vremya, togda ... Itak ... drug starogo druga, chto ty skazhesh' mne, chto etot znamenityy «staryy drug» khochet menya? (Silence André. Ce n’est pas le moment. Plus tard. Donc…l’amie d’une vielle amie, tu dis ? Que me veut cette fameuse ‘’vielle amie’’ ?)

    - Chto vy pomozhete mne osvobodit' moyego druga, kotoryy byl nenadlezhashchim obrazom zaklyuchen v tyur'mu. (Que vous m’aidiez à libéré mon ami qui a été emprisonner à tort.)

    - ... Pff ... ty dumayesh', ya pomogu tebe spasti kogo-to, kogo ya dazhe ne znayu? (…Pff…tu crois que je vais t’aider à sauver une personne que je connais même pas ?)

    Il part dans un grand éclat de rire vite suivit par ‘’André’’ et le reste de la salle.

    - Da, ya tak schitayu. (Oui. Je le crois.)

    Il s’arrête aussitôt de rire et me regarda d’un air sévère.

    - O ... vy dumayete? (Oh…tu crois ?)

    - Da. (Oui.)

    Il sortit une arme de sa veste et la pointe sur moi. J’hausse un sourcil et un coin de mes lèvres s’étire en un sourire moqueur.

    - Chto? Ty ugrozhayesh' mne. Prosto ugrozhaya, eto pokazyvayet, chto ya ne v dome bossa «Del'-Kankro» v Maske-d'Angise, on uzhe vystrelil ... i on otlichnyy strelok. (Quoi ? Vous me menacer. Juste menacer. Ça se voit que je ne suis pas chez Masque d’Angoisse le chef ‘’Del Cancro’’. Lui aurais déjà tirer…et il est excellent tireur.)

    Il tique légèrement en entendant le surnom d’Angelo et du clan ‘’Del Cancro’’ mais il doit penser que je bluffe.

    - Ne podtalkivay menya ! ty dumayesh', ya sobirayus' pomoch' tebe spasti tvoyego druga, ty dumayesh', chto ya boyus', kogda ya razmakhivayu imenem etogo malysha-p'yanitsy, ty oshibayesh'sya, a potom ... prodolzhay Skazhite imya etogo znamenitogo druga i posmotrite, spaset li on vas! (Ne me pousse pas à bout ! Tu penses que je vais t’aider à sauver ton ami ? Tu penses me faire peur en balançant le nom de ce gosse de Masque d’Angoisse ? Tu te trompes ! Et puis…vas-y ! Dis le nom de cette fameuse amie et voyons si cela pourra te sauver !)

    - Moya tsel' - ne otpugnut' tebya ot tebya, no ... tvoya ruka drozhit, chto ty budesh' boyat'sya sbit' menya s nog i ital'yanskaya mafiya, kak izvestno, samaya krovozhadnaya? Vy pravy, boytes', potomu chto ved' ... slukhi o nem ... vse pravda. (Mon but n’est pas de vous faire peur. Loin de là. Mais…votre main tremble ! Que se passe-t-il ? Seriez-vous effrayée du fait de m’abattre et de vous mettre à dos un chez de la mafia italienne connu pour être le plus sanguinaire ? Vous avez raison. Ayez peur. Car après tout…les rumeurs à son sujet…sont toutes vrais.)

    Il raffermit sa prise sur son arme moins assurée qu’au début de la conversation. Des petites goutes de sueur descendent lentement très lentement le long de son visage. Son regard est moins limpide qu’avant. Ma tirade à l’air de l’avoir fait douter. Je me souviens d’une conversation que j’ai eu avec Angelo au sujet de la mafia russe : un jour cinq de leurs hommes ont essayer de venir mettre le bazar sur son territoire et Angelo les a renvoyés chez eux…en plusieurs petit morceaux.

    - Vash drug skazal, chtoby ya prishel k vam, dumaya, chto vy chelovek situatsii. Budet li ona obmanyvat' sebya? (Votre amie m’a dit de venir vous voir en pensant que vous étiez l’homme de la situation. Ce serais-t ’elle tromper ?)

    -Eris…je t’aime ! T’as trop la classe !

    Merci. C’est gentil mais évite de me déconcentrer.

    Le coup partit. J’eu juste le temps de pencher ma tête sur le côté pour éviter la balle. Celle-ci m’effleure à peine et saigne un peu. Mon sourire s’agrandit me donne surement une tête de psychopathe et à voir la tête d’Arcadi et d’André. Les cours d’Angelo n’ont pas servi à rien. Nan mais franchement il m’a appris à sourire comme lui !

    - Ne ... derzost'! Ty prosto pretentsioznyy paren'! Dayte mne udovletvoritel'nyy otvet, inache v sleduyushchiy raz ya ne budu skuchat' po vam! (Ne…ne sois pas insolente !! Tu n’es qu’une gamine prétentieuse ! Donne-moi une réponse satisfaisante sinon la prochaine fois je ne te raterais pas !)

    Je le regarde calmement. Je commence à comprendre un peu mieux pourquoi Mitchel est surnommé le ‘’Juge Infernal’’. Faire perdre ses moyens à sa proie est vraiment quelque chose de…jouissif. C’est malsain.

    - U vas net kishok Eto neuteshitel'no. Maska stradaniy uzhe kosnulas' yego s bol'shim serdtsem v pervyy raz, kogda my govorili drug s drugom.  (Vous n’avez aucun cran. Cela en est décevant. Masque d’Angoisse lui m’avait déjà touché un plein cœur la première fois que nous nous sommes parlés.)

    Il réajuste son arme.

    - Chto? Ty deystvitel'no khochesh' menya ubit'? Ty budesh' gotov risknut' nachat' voynu mafii? Ty budesh' gotov k gnevu  Tot, kto prishel, chtoby vzyat' etu zimnyuyu noch', a kto net ne vzyal, a takzhe ch'ye imya ne dolzhno byt' ob"yavleno ?(Quoi ? Vous voulez vraiment me tuez ? Vous serez prêt donc à prendre le risque de déclencher une guerre des mafias ? Vous serez prêts à mettre en colère ‘’ ’celle qui est venue de prendre ce soir d’hiver et qui ne t’as pas pris ainsi que dont le nom ne doit pas être prononcer’’ ?)

    Il devient livide. Son arme lui glisse des mains et vient s’échouer dans un bruit mat sur le tapis. Arcadi a les larmes aux yeux et tremble comme une feuille.

    - Otets? (Père ?)

    -Boss ?

    Il reste un moment silencieux avant de prendre la parole d’une voix blanche.

    - Kto ... kto ... kto ... ty? (Qu…qui…qui…es..tu ?)

    - YA prosto devushka po imeni Eris. (Je suis juste une jeune fille nommé Eris.)

    - ... E ... Eris ... tak vot ... ty ... ona ... ... predupredila menya o tvoyem priyezde. (…E…Eris…alors c’’est…toi…elle…m’avait…prévenu de ta venue.)

    Sa voix est quasiment inintelligible. Ses yeux ne laissent transparaître qu’un effroi sans nom. Cet homme, que j’ai rencontré un peu plus tôt, était fort mais en quelque phrases bien placé je l’ai réduit à l’état d’un tout petit enfant faible et fragile. C’est triste.

    La voix…j’ignore qui tu es réellement mais tu dois être quelqu’un de vraiment terrifiant.

    -Les gens normaux me désignent plutôt comme étant ‘’quelque chose’’. Mais je pense, Eris, que de nous deux c’est toi la plus terrifiante.

    J’applique juste ce que l’on m’a appris pour arriver à mes fins, c’est-à-dire sauver Rodrigue et poursuivre cette aventure AVEC lui.

    - I tak? Verdikt? (Et donc ? Verdict ?)

    Il reste silencieux un bout de temps. Surement pour se remettre de ses émotions. Je ne comprends pas trop d’ailleurs. Serais- je aller trop loin ? Ou bien ce serais le fait que j’ai mentionner la voix ? Elle pourtant pas si effrayante que ça, non ?

    D’ailleurs d’où tu la connais ?

    -C’est une longue histoire qui remonte à loin désormais.

    Je ne sais rien de toi.

    -Quand tu seras prête je te dirais tout. Et à ce moment-là…tu comprendras bien des choses.

    - Kak nazyvayetsya vash drug? (Comment se nomme ton ami ?)

    Ce fut à moi de sursauter. Arcadi a repris sa stature noble et sereine ainsi que le contrôle de ses émotions. Il me fixe de ses yeux redevenus limpides.

    -Rodrigue Barida.

    - Andre ostayetsya s ney i delayet portret svoyego druga. (André reste avec elle et fait un portrait de son ami.)

    Il se lève et partit avec sa ‘’cour’’ me laissant seul avec André. La pression et la tension accumuler des dernières heures retombent qu’un coup, je perds donc un peu de mon assurance et mon cerveau se déconnecte quelque secondes mais suffisamment longtemps pour que je ne comprenne pas les paroles du blondinet à côté de moi.

    -Eris…Eris ? Tu es avec moi ?

    -Hum ? Oui oui.

    -Bon alors mettons-nous au boulot.

    -D’accord.

    C’est à ce moment là que mon cerveau refit son apparition.

    Attend…30 secondes…Il vient de parler quoi là ? Ce n’était pas du français ? Français ? Il m’a parler en français ?

    Je l’entends rire juste à côté de moi. Surement dut à la tête d’ahuris que je dois faire.

    -Je ne fais pas vraiment partie du business de mon père. Je suis traducteur. Je parle russe, français, anglais, allemand, danois, serbe et hongrois. Et toi ?

    -Français, anglais, espagnol, italien, danois, russe et chinois.

    -Eh beh…on parle presque autant de langues. Dis tu travaille pour ce fou de Masque d’Angoisse ? Il est comment dans la vie de…

    Je le fais taire en lui donnant un coup de poing qui le fait tomber dans le fauteuil juste derrière lui.

    -1 : Angelo n’est pas fou. 2 :je ne travaille pas pour lui. 3 : il est mon ami et mentor. 4 : insulte-le encore une fois et je ne réponds plus de rien. Et 5 :je ne suis pas là pour faire ami-ami avec toi. Alors mettons-nous au travail.

    Je suis stressée et j’ai les nerfs en pelote alors il est gentil mais quand je suis comme ça il ne faut pas me chercher.

    -On voit ça. Le matin aussi il ne faut pas te chercher.

    C’est vrai.

    -Tu as beaucoup changer. Tu t’exprimes plus qu’avant.

    J’ignore ça dernière remarque et mit au travail avec le russe.

    Quand le portrait fut fini, on le donne aux hommes d’Arcadi.

    Plus tard, ils nous annoncèrent qu’il y aurait une forte probabilité pour que mon hispanique international soit dans une des prison de Saratov**.

     

     

    *Private White V.C : marque anglaise de luxe de costume pour homme.

    **Saratov : ville russe. Elle est à 723 km au sud-est de Moscou sur la rive droite de la Volga (fleuve russe et fleuve le plus grand d’Europe.


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