• Chapitre 1: air boisé et air iodé 

     

    Une goutte tombe sur mon visage. Je sens sous moi de la terre.

    Je cligne des yeux et me redresse doucement.

    Autour de moi des arbres. Je suis dans une forêt.

    Ma main en visière, je regarde le ciel. Le Soleil est haut dans le ciel. Il doit être midi.

    Je me lève doucement et tourne sur moi-même.

    -Où suis-je ?

    Seul le silence me répond.

    Je m’avance pas à pas. Jusqu’à ce que j’entends le bruit étouffer des voitures. Je m’avance vers ce son. C’est une autoroute.

    La lumière m’éblouit subitement. Je mets quelque instant avant de m’y habituer.

    Quand cela fut fait, je me mets à longer l’autoroute dans un état second

    Pendant longtemps très longtemps, je marche droit devant moi jusqu’à ce que la nuit tombe et le soleil se lève. Ce phénomène se produisit plusieurs fois.

    Je continue à marcher ce qui semble être des jours.

    Au bout d’un certain temps, j'arrive devant un petit village. Je cligne plusieurs fois des yeux et regarde autour de moi.

    Des maisons assez vieilles, un pauvre chien qui me regarde, des poules, un âne sur la route…

    J’ignore où je suis. Il faut que je fasse un inventaire de ce que je possède.

    A ma gauche, je vois ce qui ressemble à une décharge. Je m’y dirige. Là il y a des meubles cassés, un matelas, une vieille poussette et les vestiges d’une armoire à glace. Je rassemble quelques morceaux de miroir et me mire : cheveux en batailles, yeux cernés, visage et mains écorchés et couvert de terre, chemisier déchirer ainsi que mon pantalon troué au niveau du genoux droit. Mon état est lamentable.

    Sans quitter du regard mon reflet, je fouille dans mes poches. Dans la poche droite : ma carte d’identité et 5 €. Dans la poche gauche : 10 centimes……je suis riche…..

    Mais qu’est-ce-qui m’as pris de partir comme ça ?

    Je secoue la tête. Qu’importe. Je retourne sur mes pas et m’avance dans l’allée principale. Il n’y a pas un chat.

    -Miaou…

    …..j’ai rien dit….Un gros chat marron et blanc est sur le pas d’une porte qui me regarde méchamment. Je m’approche doucement de lui et fait sentir ma main.

    -Bonjours le chat. Comment tu t’appelles ? Moi c’est Eris…

    Il la renifle et frotte sa tête contre elle.

    -Pourrais tu me dire où je suis s’il te plait ?

    -Miaou

    Comme si un chat allait me répondre… Soudain la porte s’ouvrir et le matou s’enfuis à l’intérieur. Je me retrouve donc nez à pied avec des sabots. Je relève la tête.

    Devant moi se tient une vieille femme fripée comme une pomme aux cheveux gris, des yeux marrons, un nez crochus surmonté de grandes lunettes rondes et vêtu de la plus immonde des robes à fleurs. Cliché…

    Je me relève et elle me prend fermement  le poignet m’entrainnant ainsi à l’intérieur de chez elle. Enfin non…de ce qui ressemble à un bar.

    -Qu’est-ce qu’une pioutche comme toi fais dehors ? Et toute seul en plus !

    Elle tourne autour de moi avec des yeux suspicieux. Je n’ose pas parler.

    -Bah répond !

    Je sursaute et croasse :

    -Je me suis perdue.

    -Perdue ? Mais tu viens de quelle banlieue ? T’es jamais vu ici toi !

    -De loin…je crois…

    Mon ventre se mis à grogner. Je rougis. Elle me regarde puis me fais asseoir sans douceur au bar.

    -Bouge pas.

    Elle partit vers ce qui semble être la cuisine.

    -Madame ?

    -M’appelle Cunégonde.

    Elle revient avec une belle assiette de blanquette de veau. Rien qu’a l’odeur je salive.

    -Euh merci…mais j’ai que 5 € sur moi. Est-ce que ça suffira ?

    Elle crache dans un saut…classe..

    -Mange. Tu feras la plonge en échange.

    -Merci Madame Cunégonde. Je m’appelle…

    -Je sais. Eris. Juste Cunégonde pas de madame. Maintenant MANGE.

    Dire que j’ai « manger » ce repas, certes simple mais délicieux, ne serais pas juste. Dire que j’ai dévorer serais plus exacte.

    Rouge de gêne d’avoir été ainsi observer, je rendis à la vielle dame mon assiette plus blanche qu’il ne devait l’avoir été.

    -Eh beh….toi t’avis fin. T’as pas manger depuis combien temps ?

    -Je ne sais pas. Quel jour sommes-nous ?

    -Le 23 janvier.

    -Alors…ça vas faire 2 semaines.

    2 semaines que je suis partie de chez moi et mon dernier repas qui remonte à la vieille de mon départ. Je ne mange pas le matin et le midi. Il est rare que je puisse aller déjeuner à cafétéria pour moult raison que je n’ai pas envies de penser. Je me demande si mes parents me cherchent. Surement.

    -2…2 semaines ?

    Je reviens sur terre et observe surprise Cunégonde qui me regarde comme si j’avais dis quelque chose de bizarre. J’ai peur quelle me fasse une syncope.

    -Oui. C’était délicieux…Est-ce que...je peux…

    Elle ne m'a pas laisser finir. Elle bondit dans la cuisine et me servit le double de ce qu’elle m’avait déjà servi.

    -Chez nous ça ne paie pas de mine mais on sait recevoir.

    Je la remercie d’un de mes rares sourires et dévore l’assiette. Pendant ce temps elle m’observe longuement.

    -Miaou

    Une grosse boule de poil me saute dessus et choppe un bout de viande.

    -Ah...le chat !

    -Oskar revient ici sale bête !

    La pauvre bête s’enfuit sous les coups de torchon de sa maîtresse. Je ris de bon cœur devant la scène. Ça fait si longtemps.

    -Vaurien…bon dis-moi.

    -Hum ?

    -Tu t’es enfuis de chez toi.

    C’est plus une affirmation qu’une question. Je baisse la tête et elle hoche la sienne.

    -J’ai ma réponse. Je peux savoir pourquoi ?

    -Je ne…sais pas…

    Elle se redresse.

    -Enfin je ne suis pas sûr.

    Un silence s’installe. Gênant. Puis tout devient noir.

    -eris ? eris ? Eris !

    La voix….

    -Part. Ici n’est ni le début ni la fin de ton voyage. IL t’attend. Cherche et trouve-le.

    Quelqu’un me secoua.

    -Eh…petite…Eh….meurt pas…hein ?

    Cunégonde ? Pourquoi je suis par terre ? Je me lève en grimaçant.

    -Tu t’es évanouie. Tu m’as foutue une sacrée peur tu sais.

    -Désolée. Où suis-je ?

    -Dans mon bar.

    -Non. Je veux dire où ? Dans quel village ?

    -Chante-Loup : le trou du cu du monde.

    Je la regarde éberluer. Elle soupire.

    -On est pas sur les cartes. Quelque pat en Normandie.

    J’hoche la tête et me dirige vers la sortie.

    -Eh où vas-tu ?

    -Il faut que je le trouve.

    Silence. Elle me prit par la main, me fit monter à l’étage direction la salle de bain.

    -Lave toi. Change-toi. Après tu partiras mai là tu ressembles à rien.

    Elle me tendit le nécessaire de toilettes et je saute dans la douche. Puis j’enfile les vêtements qu’elle m’a apporter. Simple, confortable et à ma taille. Parfait.

    Je redescendis.

    -Eris tient. Prend ça.

    Elle me tendit un sac avec des changes, ma carte d’identité, un peu d’argent et de la nourriture.

    -Henri va t’emmener jusqu’au prochain village. Je te souhaite bonne chance. J’espère que tu trouveras ce que tu cherches mais surtout ne te perd pas TOI en chemin.

    -D’accord et merci pour tout.

    Je rejoignit le vieux Henri dans sa vielle 2 CV verte.

    Durant le voyage il me raconte ses 75 ans d’existence de long en large et en travers pendant TOUT LE TRAJET. Soit 2 heures de pure torture.

    Enfin nous sommes arriver au village….attends…c’est ça qu’il appelle un village ?

    C’est juste un regroupement de 4 maisons avec une pompe à essence !!

    Je remercie Henry et il part.  Je dépasse la dernière maison sans avoir rencontrer un chat.

    -Miaou

    Je ferme les yeux et soupire. J’ai pensé encore trop vite.

    La route en face de moi est sinueuse et sombre. Je tremble un peu mais de froid cette froid. Que dois-je faire ? Il va bientôt faire nuit. Toquer à une porte et demander le gîte ? Ma fierté va en prendre un coût. Je déteste susciter la pitié. Dormir à la belle étoile ? Pas question ! Que faire ?

    -Avance…

    Je me retourne. Personne. Bon sang je deviens folle. Quoique je le suis déjà. La voix rit.

    -Eris cours.

    Le vent fouette ma peau et s’engouffre dans mes cheveux. Plusieurs fois je tombe mais à chaque fois je me relève. Mon cœur bat à 100 à l’heure, les larmes me viennent, mes muscles sont en feux. Je sens mon sang battre mes tempes, mon souffle se fait erratique. Je ne vois plus rien, n’entend plus rien, ne ressent rien.

    Je ne sais pas depuis combien de temps je cours mais je ne dois pas m’arrêter. Surtout pas.

    Soudain l’air lourd de la forêt devient salé. La mer ? Qu’en sais-je.

    Je continue de courir droit devant moi. Jusqu’à ce que le sol se dérobe sous moi. Je tombe sans un son. Le choc de mon corps en entrant dans la mer me fais hoqueter.

    Sans le vouloir j’aspire de l’eau me faisant suffoquer. Ma vue se trouble. J’ai mal. J’étouffe. J’essaie de me dégager mais je suis coincé entre trois récifs et une algue me tord mon pied. Je suis à court d’air. Je me débats de toute mes forces mais cela ne sert à rien. Plus je me débats plus je m’enfonce plus j’ai mal. Un bruit sourd résonne près de moi. Je me sens glisser dans les ténèbres. Mes gestes ralentissent. J’aspire encore de l’eau. Mes poumons hurlent de douleurs. La douleur est atroce même si je perds connaissance je sans quand même l’eau, sournoisement, glissé dans mes poumons les compressent, remplir mes alvéoles de son sel. Mes yeux sont ouvert contemplant ma prison aquatique avec ses pierres et ses végétaux.

    Est-ce que je suis morte ?


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