• Chapitre 6: Elle

     

    Après nous être serrer la main nous sommes chacun parti nous assoir sur un lit. Elle à gauche. Moi à droite.

    Les minutes passèrent doucement. Aucun de nous deux ne parla. Elle se mit à bouger. On dirait un lion dans une cage. La jeune fille s’est mise à sautiller sur place. C’est vrai que l’on nous a prit à la fois nos chaussures et accessoires que nous portions mais ils lui ont aussi prit ces chaussettes et sweat. Je comprends l’inquiétude des policiers mais ils doivent bien voir que ce n’est pas Jack ? Non ? C’est une fille ! Et Jack est un homme de 35 ans ! Il y a de la marge ! A part sa coupe de cheveux, leurs couleurs et leurs yeux, ils n’ont rien en commun. En plus Jack est plus grand d’au moins 20 centimètres et ils n’ont pas la même carrure. Elle est plus fine que lui. Ils ont de la merde dans les yeux ou quoi ? Et puis ça se voit non que c’est une fille ? Suis-je le seul à m’en être aperçu ?

    Je secoue la tête en soupirant. Du coin de l’œil, je la regarde. C’est bien ce que je pensais. Ce n’est pas Jack que j’ai aidé ce matin en endormant le policier avec une fléchette mais elle.

    Le gardien du soir passa devant notre cellule. Gros et gras. Il regarde méchamment la fille. Elle essaie de dire quelque chose mais il lui donna un coup sec de matraque dans le ventre. Elle s’écroule en le tenant. Je viens près d’elle et l’aide à se relever.

    -Merci. Ça va aller.

    …Elle a…dit…quoi ? Je n’ai pas compris. C’est une étrangère ? Et ils la prennent pour Jack. Ils ont fumé ou quoi ? Eris Blanchard…pour sur ce n’est pas anglais comme nom. Tentons d’en savoir plus sur elle.

    - Where from you comes? (d’où vient tu ?)

    Elle me regarde bizarrement. Ok. Elle n’a pas l’air de connaitre un mot d’anglais ou quelque notion. J’espère sinon la communication va être dur.

    - what country you come ? (De quel pays tu viens ?)

    Je parle le plus doucement possible et en détachant chaque syllabe. Elle a l’air perdu mais semble avoir compris quelque chose. On croise les doigts.

    - Country ? (pays ?)

    - Yes. Hem … Spain, Germany, Italy, Serbia, Romania, Austria, … Hem … France …  (Oui. Hum…Espagne, Allemagne, Italie, Serbie, Roumanie, Autriche, …Hum…France…)

    - FRANCE, FRANCE !!(FRANCE, FRANCE !)

    Elle me crie le nom de son pays avec force. Elle donc…française ? D’accord. Elle est un peu loin de chez elle mais bon. Je l’a trouvé quand même jeune pour quelqu’un qui circule seul dans un des quartiers malfamé de Boston.

    -I am 39 years old and you? (J’ai 39 ans et toi ?)

    -… Hem … I … Hem 19 years. (…Hum…Je…Hum…19 ans)

    Je n’ai rien compris. Je la fais répéter. Elle…elle est jeune…trop jeune pour être toute seul ici ! Mais vu là où l’a trouvé…elle ne semble pas être une SDF et de ce que j’ai vu ce n’est pas une droguée. Elle a peut-être fugué. Ça reste à confirmer mais pour cela il faut parler et le problème c’est qu’elle ne parle pas anglais. Et si je lui proposais de lui enseigner man langue ?

    - OK Eris … Hem … Do you Want that I teach you my language ? (Ok Eris…Hum…Veux-tu que je t’apprenne ma langue ?)

    Elle n’a pas compris. Bon…on n’a plus qu’à reformuler.

    - I be able to you learn English. (Moi pouvoir toi apprendre anglais.)

    Je dois avoir l’air con comme ça mais elle semble avoir compris. C’est le principal. Elle me signe qu’elle est d’accord donc on se met au travail.

    Elle n’est vraiment pas douer pour l’anglais. Cela fait trois heures que j’essaie de lui inculquer les notions de basse. Elle est bord des larmes et moi de la dépression. Je suis près d’abandonner.

    - We shall manage to go out? (Nous arriverons à sortir ?)

    Je la regarde. La forme de la phrase est mauvaise mais le temps du verbe est bien utilisé surtout dans notre situation.

    -I hope. (Je l’espère)

    Elle semble avoir compris car elle hoche la tête et me fait signe de revenir travailler. J’ai du pain sur la planche mais elle est coriace. Elle ne lâche rien.

    Un peu plus tard les policiers sont venus nous interroger dans un beau tintamarre de pas, de voix et de clés. Eris semblait terrifiée par ce soudain chambardement et par les policiers. Je peux la comprendre ces policiers n’ont pas l’air commode. Ce sont de vraies armoires à glaces. Sans mauvais jeux de mot. Je la regarde monter les escaliers. Elle ressemble à un condamné à mort.

    Le silence revient. Écrasant. Eris me semble fragile. Si jamais, ils décident de l’envoyer en prison elle n’y survivra pas. Moi non plus d’ailleurs. Surtout si c’est ce juge qui s’occupe du procès. Cet homme est impitoyable. Il n’a aucun sentiment.

    Je me mis à réfléchir. Il faut à tout pris éviter d’être juger par cet homme sinon c’est foutu. M’évader d’ici est plutôt facile pour quelqu’un comme moi. Je suis à la fois faiseur de faux et voleur. Dans ce genre de prison, je me suis échappé au moins une vingtaine de fois. Mais…elle…

    Les pas reviennent. Les policiers redescendent Eris. Sa tête est basse et sa joue rouge. Ils l’ont giflé ? Ils ouvrent la grille et la poussent devant. Elle ne tient pas debout, je la rattrape avant qu’elle ne tombe. Ses yeux sont rouges, ses pupilles dilatés. Elle tremble. La peur est présente dans chacun de ses membres.

    Les policiers me tirent en arrière et me fait monter les escaliers.

    Mon regard reste tourner vers elle. Si fragile. Trop fragile. Brisée comme une poupée. Non. Juge tu ne l’auras pas. Jamais tu ne la jugeras. J’en fait le serment.

    Bien plus tard, ils me ramènent dans la cellule. La nuit est encore bien présente. Parfait. Je vais pouvoir peaufiner les derniers détails de mon plan.

    Ce soir je quitte cette cellule.

    Et Eris me suivra de grès ou de force.


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  • Chapitre 5: Le début du voyage et des ennuis

     

    Il fait froid. Je suis en Angleterre.

    Il fait froid. Je suis en Angleterre.

    Il fait moche. Je suis en Angleterre.

    Il pleut. Je suis en Angleterre et je suis dans la merde jusqu’au cou.

    Explication. Cela fait plus de 2 heures que j’ai les flics aux trousses !! Purée mais j’ai rien fait !

    -T’as juste fuguer de chez toi.

    Ça c’est un détail. Merci la voix de te manifester au moment le plus inutile.

    -De rien. Attention à la voiture !!

    J’esquive. Mais question : est-ce que fuguer m’hérite d’avoir toutes les voitures du district à mes trousses ? C’est abuser. C’est pas une raison pour me courir après depuis 2 PUTAIN D’HEURES !!!

    -Non en effet.

    Merci.

    - Jack Stuart! In the name of the law stop! (Jack Stuart ! Au nom de la loi arrêtez-vous !)

    …Hein ? Il a dit quoi ? J’ai pas compris.

    Je parle pas un mot d’anglais. Enfin je connais les basses. Les basses…ouai…en quelque sorte. Ma meilleure note en anglais c’est 1…sur 20.

    -Attend…pause…t’es parti en Angleterre sans parler anglais ?

    Ouaip. Je suis un génie.

    -Génie de la connerie.

    C’est sûr.

    Bifurcation à droite. Slalome entre deux poussettes, saut par-dessus une rembarde. Prise de deux rues à gauche puis une à droite. Je cour encore et toujours ! Une vraie malédiction. M’enfin grâce à ça j’ai perdu au moins 3 kilos. Le seul point positif de l’aventure si je ne compte pas ceux perdu avec Léonard.

    -Regarde devant toi.

    Un cu de sac. Magnifique…Splendide…

    Les policiers se rapprochent. Ils n’ont pas l’air commodes.

    -On fait une blague sur les armoires à glace ?

    Nan mauvaise idée la voix.

    Ils s’approchent doucement leurs armes braquées sur moi. Je lève les mains. Je ne suis pas armé donc théoriquement je suis inoffensive.

    -Jack Stuart. In the name of the Queen, I arrest you for the murders of … (Jack Stuart. Au nom de la Reine, je vous arrête pour les meurtres de…)

    Il s’écroule au sol sans finir sa phrase.

    Ok…et donc ? Il est mort ? Ah...non. Il ronfle donc il dort.

    Sur sa gorge on peut voir une fléchette surement imbiber de somnifère. Je regarde les autres policiers. Ils ont l’air aussi perdu que moi. Il regarde partout sauf dans ma direction.

    Bien je vais pouvoir en profiter pour filer. Je longe le mur et arrive à son extrémité là je ne mets à me déplacer le plus vite, le plus naturellement et discrètement possible. Les policiers s’occupent de leur collègue et m’ont temporairement oublié.

    -Les anglais sont si lent.

    Peut-être mais ils ont tenaces donc dès que je quitte la place je cour. Encore.

    Pendant environ une trentaine de minutes, j’ai couru pour mettre le plus de distance entre moi et les policiers.

    Au bout d’un moment je m’arrête et marche le plus tranquillement possible. J’ignore où je suis et j’ai pas le sens de l’orientation.

    -Mais quel boulet.

    Chut. T’es pas mieux.

    La nuit commence à tomber, la boussole de Léonard dans les mains je marche vers le nord. Je la suis comme si ma vie en dépendait. C’est presque vrai. Elle me guide depuis près d’une heure quand soudain je me cogne contre quelque chose…ou plutôt quelqu’un.

    La nuit est trop sombre pour distinguer quoi que ce soit. J’entraperçoit juste une paire d’yeux et une écharpe. Une écharpe bleu ciel. Pendant quelque seconde, je me noie dans ses yeux clairs.

    -Sorry (Désoler)

    Il me dépasse. Sa voix gave m’a cloué sur place. Un instant, je suis restée prise au piège des effluves de son parfums. Je le voie du coin de l’œil tourner dans la rue. Sa démarche est celle d’un roi conquérant ou d’un lion guettant sa proie. Cet homme est dangereux. Je le sens. Pourvu que je ne le recroisse jamais.

    Je continue ma route toujours en suivant l’aiguille de ma boussole. Cette dernière me mena devant les vestiges de ce qui devait être une usine. La seule entré, une porte où les gonds manquaient à l’appel, est encadré par du lierre. Les fenêtres brisées. Des arbres morts dans ce qui devait être le hall, des toiles d’araignées gigantesques, des mètres de poussière où mes pieds s’enfonçaient comme dans la neige. Le hululement d’un hibou et les nids de chauve-souris rajoutèrent, à l’aspect déjà lugubre de l’endroit, un sentiment d’oppression digne d’un film d’horreur.

    Je m’avance un peu plus dans le hall, arrivées dans ce qui devait être une cantine je décida de m’y installer jusqu’à ce que le jour se lève. Une table poussée, des chaises renversées, un bon coup de balais, qui tombe en miette, et j’ai un bon petit coin pour dormir. Inconfortable certes mais vaut mieux ça que d’être seuls dehors. Non ? Je me recroqueville sur moi-même et commence à essayer de dormir.

    Le bruit d’une porte qui se brise me réveilla en sursaut. Pendant un court instant je ne sus où j’étais. Devant moi la porte de la cantine, je voie de la lumière. Prise de panique, je me cacha derrière le comptoir du self. Des bruits de pas. J’entend les voix de plusieurs hommes.

    - Then we say 5000 pounds sterling?  (Alors on dit 5000 livres sterling ?)

    - We had agreed for 1500 pounds sterling! (On s’était mis d’accord pour 1500 livres sterling !)

    - The job is too dangerous. The cops are everywhere! (Le boulot est trop dangereux. Les flics sont partout !)

    - It adorned that Jack Stuart is in the area. (Il parait que Jack Stuart est dans le coin.)

    - What ? Really? Thinks of you of it what you ? Edward ? (Quoi ? C’est vrai ? T’en pense quoi toi ? Edward ?)

    - Someone's watching. (On nous observe.)

    Ils se turent. Soudain on me saisit par le col et on me jeta au milieu du groupe. Il y a quatre hommes. Tous grand et costaud. Sauf le quatrième. Il est maigre et chétif. Il doit faire à peu près ma taille soit 1 m 69. Son teint est cadavérique. Cheveux châtain et yeux chocolat cerclé de petites lunettes rondes. Il a l’air craintif et d’avoir peur des trois autres. Son corps et ses yeux sont agités de tics nerveux.

    Un court instant nos yeux se croisèrent. Il n’a rien à faire ici. Je n’ai rien à faire là. Et ça nous l’avons tous les deux compris.

    Il allait parler quand tout d’un coup…Des sirènes. La police. Et là ce fut la panique. Les trois autres prirent leurs jambes à leurs cous. Moi et le nerveux mirent plus de temps à réagirent. Quant nous sortîmes nous étions encerclés par la police, armes braquées sur nous. Nous levons les mains. Deux policiers nous menottèrent. Ça fait mal. Et nous jetèrent dans la fourgonnette avec les trois autres. Je les aime pas, ils me regardent bizarrement.

    Arriver à destination, les policiers nous jetèrent sans ménagement dans une cellule. Les trois acolytes sont chacun séparer mais moi je partage ma cellule avec le nerveux.

    La cellule est petite, grise. Il y a deux lits à l’opposer l’un de l’autre, une cuvette de toilette, un lavabo et une grille. On ne peut pas être plus proche. Le nerveux me tendit la main.

    -Edward Silverdash.

    Il…se présente ? Ok. Je lui sers la main.

    -Eris Blanchard.


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  • Chapitre 4: Au delà de la mer

     

    Il ne m’a pas jugé. Il n’a rien dit. Dans son regard, il n’y avait ni compassion ni déception…juste de la compréhension.

    Quant il est retourné dans la cuisine, je suis partie me recoucher. Il a accepté de m’apprendre à me défendre. Pourquoi ?

    -Il te fait confiance.

    Je sais. C’est un miracle.

    -Dors. Demain une rude journée t’attend.

    Morphée m’accueillit les bras ouverts.

    Le lendemain, ce fut des coups sourds qui me réveilla.

    -Eris ? Debout. T’as 5 minutes pour te préparer ET me rejoindre dehors.

    Je suis restée abasourdi. Hein ? Qu’est-ce que c’est ? Je regarde l’heure… 4 HEURES DU MATIN ?!!! Sérieux ?! Je ne me pose pas plus de questions et saute dans mes habits. En cas où, je rabats la couette et tape sur l’oreiller pour lui donner meilleure figure. 4h 03. J’ai pas le temps de passer toutes les pièces de la maison. Léonard est sérieux. Ça se sent. J’ouvre la fenêtre et saute au dehors au risque de me rompre le cou. Je cours comme une dérater vers le devant de la maison et rejoint Léonard sur la plage près de la butte où est le phare.

    -Ah enfin là ! J’ai failli attendre !

    -Bonjour Léonard. Alors quel est le programme ?

    -Bonjours Eris. Viens suis moi je vais te montrer ton planning d’échauffement.

    Il se dirigea près d’une vielle cabine de plage et en sortit des poids, des sacs : un avec du sable, un autre avec des pierres et le dernier avec des briques ; une montre, une trousse de…premier soin ? Ok. Il va me tuer.

    -Bien je t’explique ce mois-ci tu vas t'entrainer à renforcer ton corps. Les exercices consisteront à travailler ta vitesse, ton endurance, ta force et ta souplesse. Ok ?

    -Ok. Et en quoi ils consistent ?

    -Course avec poids, contraction, pompes, escalade…

    -Et les sacs ?

    -Pour l’instant tu t’en occupe pas. C’est pour plus tard. Quand je te jugerai prête. Bien pour commencer, pour ce mois-ci, tu feras des échauffements articulaires puis tu feras 30 contractions et 30 pompes, pour commencer bien sûr. Tu prends le temps qu’il te faut pour les faire. Ensuite tu courras le long de la plage avec les poids pendant 2 heures. Puis…

    Il désigna deux pêcheries : une de 3 mètres de haut bleu et l’autre de 11 mètres rouges.

    -…tu grimperas le plus vite possible au sommet de ses pêcheries. Tu auras 1h30 pour le faire.

    -Ensuite ?

    -Ce seras tout pour l’instant. Mais attention n’oublie pas que je serais dans le phare et que je verrais tout donc or de question de trainer ou de faire semblant de travailler. C’est clair.

    Je me mis au garde à vous.

    -Très clair mon commandant.

    -Allez file.

    Il grimpa jusqu’à son phare et je commença mes échauffement. J’attaque ensuite les contractions. Ça va au début c’est facile. Au début pas après avec les pompes. Les pompes…comment dire ? ...c’est mort. J’y arrive pas. J’ai mis près de 3 heures pour faire mes 30 pompes correctement. Pitoyable.

    Je fis une micro pause pour boire un peu d’eau puis je mis les poids. Purée. C’est lourd. Je pris la montre (soi-disant au passage fait trois fois la taille de mon poignet même en la serrant au dernier trou je dit ça je dit rien) et me mit à courir.

    Au bout d’une demi-heure je suis en nage. Je ne comprends pas pourquoi. Pendant des jours j’ai couru sans m’arrêter et là…

    -Tu étais dans un état second. Apprend à faire la même chose mais en étant éveiller.

    Je me mis à haleter. Faire quelque chose que l’on faisait inconsciemment et le faire en étant conscient ? C’est…

    -Ce n’est pas impossible. Vas y cour. COUR.

    Et j’obéis. Pourquoi ? Allez savoir. Mais je le fais c’est tout.

    Au bout des 2 heures, je m’écroule près des deux pêcheries. Je sens le regard de Léonard sur moi, il me regarde depuis son phare. Je ferme les yeux et me reconcentre. J’évalue la hauteur de la pêcherie bleue. Tellement vieille. Je commence à grimper, elle tangue et je tombe lamentablement pendant tout le temps impartit. Je suis une soupe de sueur.

    Je m’écroule les bras en croix et m’endort. C’est Léonard qui me ramena à la maison. J’était plus en état de marcher.

    A partir de ce jour, tous les matins je me levais à 4 heure pour aller m’entrainer et cela durant un mois. Durant tout ce temps courir, grimper, les contractions ou les pompes ne me posa plus de problème. Entre temps j’avais commencé à frapper les sacs et se n’était pas une partie de plaisir mais j’ai quand même réussi. Mes bras, mes poings et mes jambes s’en souviendront surement à vie.

    Le deuxième mois est arrivé à la vitesse de l’éclair et il a commencer par une course avec Léonard.

    -Ce mois-ci ont va travailler l’art du combat. T’es prête à morflé gamine ?

    -Yep !

    Léonard est rapide. Très rapide. Il est fort. Très fort. Même avec les poids. Et surtout il est TROP grand ! Je fais comment pour lui mettre un kick gauche en pleine poire moi ?! Et il se moque en plus !!

    Il m’a appris tout ce qu’il savait : l’art militaire, la boxe et le karaté ainsi que la pêche. J’ignore si ce dernier va me servir mais je prends quand même. D’après lui si je faisais une compétition là tout de suite je la gagnerais haut la main. Je te crois sur parole vu l’entrainement de ouf que tu m’as fait subir. A cet instant, il avait l’air si fière de moi. Ça m’a fait plaisir qu’il pense ça de moi.

    Des compliments…c’est le premier de toute ma vie que je reçois.

    Deux mois sont passé.

    Ce soir au coin du feu, Léonard m’observé depuis un moment. Ce n’était pas gênant mais plutôt inhabituel de sa part. Il semble vouloir me dire quelque chose et il hésite. Je commence à la connaître. Abrégeons son supplice mental.

    -Léonard ?

    -Hum ?

    -Quelque chose ne va pas ?

    -Eris…

    -Présente !

    Une tape sur la tête me tomba dessus.

    -Idiote…tu m’as bien dit que tu devais reprendre ton voyage n’est-ce-pas ?

    -Oui même si j’ignore pourquoi. Je…

    Il lève la main pour me faire taire.

    -La paix…

    Silence.

    -Où désire tu aller ? T’as une idée ?

    La voix bizarrement resta silencieuse. C’est une première.

    -Euh…

    Glorieux comme réponse Eris. Félicitation.

    Pendant que je me traitais de tout les noms, Léonard était partit fouiller dans un tiroir. Quant il revient s’assoir devant moi, il tient un morceau qu’il me tend. Après l’avoir pris, je constate que c’est un billet de bateau : siège 7 allée 8 passerelle 2, Great Britain. Angleterre.

    -Je l’ai acheté il y a 3 mois. Je voulais y aller mais bon si ça peu t’aider dans ton voyage…

    Les larmes aux yeux, je lui saute dessus en le remerciant.

    -ARG…Eh !!

    Il râle. Encore. Mais bon c’est pas grave. Je le sers contre moi à lui briser les os. Et il râla pendant tout le reste de la soirée.

    Deux jours plus tard.

    Léonard et moi nous tenons devant le bateau. Il ne vient pas. Il ne peut pas. Son phare a besoin de son gardien. Hier, il m’a aidé à préparer un sac et m’a coupé les cheveux. Je ressemble à un garçon.

    L’heure du départ sonne.

    -Léonard merci pour tout. Je ne t’oublierais jamais.

    Il sourit.

    -Je l’espère bien petite…après tout ce que je t’ai fait subir.

    Et nous partons dans un grand fou rire. Je commence à monter.

    -Eris !

    Il me tend ma carte d’identité et une vieille boussole en cuivre.

    -ça peut toujours servir.

    Il me fit un clin d’œil. Un miracle.

    -Aller va. N’oublie pas…malgré les tempêtes, malgré les doutes…il y aura toujours un lit et un bol de soupe pour toi au phare. Alors…crois en toi et en « la voix ».

    Il m’offrit un dernier sourire et le bateau s’éloigne du quai.

    Au bout de quelques minutes, je ne vois plus la large silhouette de Léonard. Je rand la carte d’identité et suspendit la boussole à mon cou.

    Plusieurs heures passèrent et je vis pour la première fois les côtes anglaises.

    -Que le grand voyage commence.

     

     


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  • Chapitre 3: Son regard

     

    Cela fait plus d’une heure que je fixe le plafond. J’arrive pas à dormir. Insomnie. Ça fait longtemps que j’en avait pas été sujet.

    Pas depuis leurs morts.

    La mort de mes compagnons d’armes.

    Je soupire. Et aller…si je me mets à penser à eux autant aller prendre l’air.

    Je me lève…et me cogne au plafond. Arg. Ca fait mal cette merde ! Je sors de ma chambre en bougonnant. Je dépasse silencieusement la chambre où dort la gamine. Gamine…je dit ça mais c’est une toute jeune femme maintenant. Je secoue la tête. Elle avait l’air assez ébranlé par mon histoire…plus que je ne pouvais imaginer. Ses yeux me l’avaient indiqué.

    Je passe la porte de la cuisine. La brise du soir m’accueillit avec délice. Je longe la plage puis grimpe sur la butte où se trouve mon phare. Ce soir j’ai besoin de réfléchir et quoi de mieux que de le faire en regardant la mer depuis son poste de travail ?

    Plusieurs heures plus tard, je décide de redescendre et de rentrer. Je le fais en trottinant. La mer est basse donc j’en profite. En chemin, je me remet à penser à mes camarades. Ils me manquent terriblement. Joe le guignol de service et son frère Frédéric. Francis le cuistot du dimanche et le lieutenant Daniel Saint-Claude. Mon cousin…

    Ma foulée me mène aux Trois Diables. Mes pensées se tournent automatiquement vers Eris. Je sors sa carte d’identité de ma poche. Eris Blanchard. Elle doit avoir 19 ans. Son nom me dit quelque chose…Ah !!Oui !! C’est la môme qui s’est enfuie de chez elle le mois dernier ! L’info passait en boucle dans la télévision du pub de Jack. On en a pas mal discuté. Bon bah…si elle veut me parler de sa fugue se sera en temps et en heure. Mais je dois bien avouer que je suis curieux de savoir sa ou ses raisons. Son pied est guéri, est-ce qu’elle va reprendre sa route ?

    La mer me lèche les pieds me rappelant sa présence et qu’elle est en train de remonter. Je reviens sur mes pas. Je vois de la lumière dans le salon. Eris…serait…réveillée ? J’entre dans la cuisine et me dirige vers la source de lumière. Elle est là assise sur le canapé. Les cheveux en pagaille. Les jambes repliées sous elle. Fragile. C’est le mot qui me vient tout de suite à l’esprit quand je la voie ainsi.

    Elle relève la tête, je sursaute. Ce regard…son regard…est déterminer…sans faille. Il fait penser briller ses yeux vert mordoré d’un feu que seul un dragon peut produire. Pourquoi je pense à un dragon ? Ça n’existe pas ! Elle a pris une décision. Laquelle ? Sa réponse arrive très vite.

    -Léonard, roi du phare, apprend-moi à me battre.

    Ou l’air de te couper le siffler. Nan mais sans blague…C’est quoi cette tirade sortit tout droit du Moyen-Age ? Autant dire que je suis resté muet. Sa voix était…impressionnante…déterminer…un peu roque. Elle a claqué comme un fouet dans le bruyant silence de minuit. Elle reprend hésitante cette fois.

    -Je dois absolument partir mais je ne peux pas m’en aller s’en savoir me défendre. Je dois continuer mon voyage et pour cela je dois savoir me battre…c’est…vital.

    La détermination infaillible du chasseur et le désespoir de la proie. Son regard laisse transparaître ces deux émotions d’une manière aussi limpide que les eaux des lagons.

    -Ton temps est compté ?

    -Oui…et non.

    Je la regarde surpris. Oui et non. Très claire comme réponse… Son regard s’est troublé. Pendant quelques minutes aucun de nous deux ne parle. Elle enfermer dans son mutisme et ses pensées. Moi attendant patiemment qu’elle se confie à moi.

    Le tic-tac de la pendule fut le seul bruit que l’on entendit pendant longtemps.

    Je ne la quitte pas des yeux. Si je le fais elle va se dérober. C’est mon instinct qui parle et il ne m’a jamais trompé. Jamais. Alors j’attend qu’elle parle la première. Ne surtout pas la presser, je risque de la braquer sinon. Attendre toujours et encore dans le silence de la nuit. Ses pupilles s’agitent. Ils regardent partout. Sa nervosité et sa peur se sent de là où je suis. Elle se mordille doucement l’ongle de son pouce. Le combat qu’elle livre en elle doit être bien farouche pour qu’elle soit aussi agitée.

    Une heure du matin sonne. Elle sursaute, se lève, fit les cent pas puis s’arrête et me regarde. Eris brise enfin le silence.

    -Elle me laisse deux mois…après elle dit qu’il faudra que je parte.

    Elle se plongea à nouveau dans le silence. Elle ? De qui peut-elle bien parler ?

    Je la fixe. Sa tête entre les mains, elle tremble. De froid ? De peur ? Peut-être. Mais…je commence à la connaître et là c’est plus une crise de stress.

    -Eris ?

    Ses yeux sont constellés par les larmes naissantes. Je les essuie du bout des doigts.

    -Parle-moi. Je t’écoute.

    Aucune réaction. Ses yeux sont vides.

    -Je ne te jugerai pas. Parole de marine.

    Son regard reste vide mais parla d’une voix laconique. De tout. Son enfance solitaire, de la haine de ses cousins à son égard, de sa mère autoritaire, de son père absent, de son adolescence, des moqueries, du harcèlement, des menaces de mort, de ses tentatives et de sa couardise, des injures et de sa solitude. Surtout de sa solitude. Puis son regard s’éclaircit. Elle me parle du soir où tout à commencer, de la voix, de sa peur, de sa course effrénée, de Cunégonde et Oskar, de son bar et du plat de blanquette de veau, d’Henri et de sa vielle 2Cv puant le tabac, de sa course dans la forêt, de la douleur ressentie…puis de la chute, de l’algue enserrant sa cheville, des récifs la retenant prisonnière, de sa douleur, de sa…noyade.

    Quant elle finit son histoire dans un souffle midi sonne. Elle est essoufflée comme si elle venait de revivre son voyage une deuxième fois.

    Nous sommes restés en silence encore quelques minutes.

    Son histoire me rappelle un peu la mienne quand j’avais son âge. Sauf que moi c’était pour rejoindre l’armée et que j’étais moins perdu qu’elle. Mon père voulait que je fasse boucher. Beurk. Moi j’aime que le poisson et pas la viande. Il n’a jamais voulu comprendre ça.

    -Léo...J'ai peur...

    Ma décision est prise. Les dés sont jetés.

    -Eris va te coucher. Je viendrais te chercher plus tard pour avaler un truc.

    Je me dirige vers la sortit.

    -Sois en forme. Demain on commence l’entrainement.

    Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule. J’ai fait le bon choix.

     

    Dans son regard on peut y lire de la reconnaissance.


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