• Chapitre 32: A deux pas et un de la mort

    Le mois d’Avril est bien entamé maintenant.

    Et toujours pas de trace de Rodrigue.

    La voiture qu’Arcadi nous avait donné à disparut.

    J’ai retourné Shanghai de fond en comble. Je ne l’ai pas retrouvé. J’ai fait chaque clinique, chaque hôpital, chaque morgue.

    Mes recherches furent veines. C’est comme s’il s’était volatilisé.

    -Quand comptes tu repartir ?

    La vraie question est « pourquoi veux-tu que je parte sans lui ?

    -Fais moi confiance. Va vers le sud.

    Pas question. Je ne partirais pas sans Rodrigue.

    Je fis la sourde oreille aux protestations et argumentations de la voix. Je veux que Rodrigue continue ce voyage avec moi. Je désire plus que tout qu’il soit auprès de moi.

    Je tourne dans une ruelle. Un cri perçant déchire l’air.

    Le sang gicle jusqu’à mes pieds. Le corps-cadavre ensanglanté danse une ronde étrange flottante devant mes yeux. Avant de s’écrouler dans un bruit mat. De long cheveux noir encadre le visage cireux convulsé de la mourante. Une mèche est délicatement posée sur ses lèvres, devenant bleu au fur à mesure que la Mort la prend, essayant d’articuler quelque chose. Des larmes s’échappèrent de ses yeux déjà vitreux.

    Son corps exposé, à mes yeux, me fait penser qu’à une poupée désarticuler, sans marionnettiste, abandonné par son créateur.

    Sans conscience, mon corps se décale sur le côté laissant passer la lame déjà couleur vermeille.

    Devant moi se tient l’assassin. Ses yeux de fou me firent tilter. Ce sont les même que ceux de celui qui m’a séparé de Rodrigue.

    C’est exactement la même personne. Même visage. Même silhouette. Même yeux. Même folie.

    La rage, la colère gronde en moi, menaçante.

    Je fis un pas en avant, il fit un pas en arrière.

    Il va payer.


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  • Chapitre 31: La ville de mon malheur

    Shanghai.

    Nous étions heureux d’y être arriver. Nous avions tant fait de chemin pour arriver jusque-là.

    Vécu tant d’épreuve. Ensemble.

    Rencontrer tant de gens. Ensemble.

    Mais le destin est cruel et tellement fourbe.

    Quand nous sommes arrivés à Shanghai, les fêtes de fin d’année étaient déjà présente. A vrai dire, dire nous sommes arrivés pour le réveillon du nouvel an chinois*.

    Partout il y avait des décorations.

    Partout il y avait des gens heureux, des enfants souriants.

    Nous avions réussi à trouver une place pour nous garer. Un miracle.

    Mous avons pris quelques affaires et marchons l’un près de l’autre dans la rue marchande. Nos mains se frôlaient à chaque pas que nous faisions. L’heure était à la fête et nous voulions en profiter.

    Au bout d’un moment, nous avons pris un alcool de riz** et un oolong***, nous sommes installés sous le gigantesque arbre de Noël. Nous étions l’un près de l’autre en silence se suffisant par la simple présence de l’autre.

    Un moment la neige a tombé.

    Tout doucement.

    Avec des enfants, quand il a eu assez de neiges, nous avons fait une bataille de boule de neige et un bonhomme de neige.

    Nous avons beaucoup ri.

    Minuit à sonner. Nous avons levé la tête au ciel et avons vu une étoile filante. Je te l’ai signalé. Nous avons fait un vœu puis tu m’as harcelé pour te le dire. Je ne te l’ai pas dit et tu m’as poursuivi tout autour du sapin sous les rires des passants.

    Nous devions avoir l’air d’un couple.

    Aux yeux des autres tout du moins.

    Un moment de temps, tu m’as pris dans tes bras. J’était au chaud, en sécurité. Nos regards se perdirent l’un dans l’autre. Nos lèvres s’attirèrent, comme deux aimants, fasciner par leurs jumelles.

    Mais…comme on dit après le bonheur…le malheur.

    Un homme, aux yeux de fou, a débarqué sur la place et a commencé à tirer sur la foule.

    Dans la cohue, Rodrigue et moi avons été séparer.

     

    *réveillon du nouvel an chinois : 31 décembre.

    **alcool de riz : expression assez vague qui se rapporte à toute boisson alcoolisée à base de riz.

    ***oolong : thé de montagne demi-fermenté.


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  • Chapitre 30: La Chine

    Nous sommes restés a peu près deux mois auprès de la petite Lha-mi* et de sa famille.

    Rodrigue voulait s’assurer que le bébé et sa mère aillent bien étant donné que l’accouchement ne sait pas fait dans les conditions les plus favorables pour un enfant mais aussi que Lha-mi est une prématurée**. Il avait peur que l’une ou l’autre subissent des complications.

    Après avoir été rassurés par l’état de ses deux protégés, nous sommes repartis.

    La route vers la Chine a été plus que prévu. La route en mauvaise état ne nous a beaucoup aider à perdre du temps. De plus nous nous sommes perdus au moins une petite dizaine de fois.

    Ce fut vers la mi-décembre que nous avons pu affirmer avec certitude que nous étions en Chine. Nous y sommes restés un peu plus d’un an. Pendant tout ce temps nous avons voyager dans le pays sans vraiment savoir où aller. Zhouzhuang***,Tongli****,Xitang*****,Mudu******, Zhujiajiao*******, Pékin et Hong Kong. Comparé aux autres fois nous avons prie de nous posez et de regarder autour de nous.

    Un jour, Rodrigue m’a emmené voir la Grande Muraille********.

    C’était impressionnant. Nous y sommes restés jusqu’au soir. Admirant le coucher de soleil. Puis le reflet de la lune sur les pierres blanches de l’édifice.

    Ensuite nous sommes descendus assister à la fête de la lune*********. Un marionnettiste d’ombre chinoise racontant une belle et émouvante histoire d’amour clôtura cette soirée magique.

    En fin de nuit juste avant que le soleil se lève, nous sommes rentrés dans la voiture pour nous reposer avant de reprendre la route. J’aurais aimé qu’il me prenne par la main. Puis nous mis à peu près trois jours avant d’atteindre Shangaï.

    Shanghai. Cet ancien petit village portuaire.

    Cette grande mégalopole. Cette ville puissante rayonnant dans le monde entier.

    Qu’est-ce que je regrette d’y avoir mis les pieds.

    Je regrette tellement d’y être aller.

    Shanghai.

    Ville de malheur.

    Je ne pense pas avoir été aussi malheureuse que quand je suis venue en ton sein.

    Sois maudite.

    Shanghai.

     

     

     

     

    *Lha-mi : prénom tibétain signifiant déesse. Si on remplace Lha-mi par sa signification ça fait : « Nous sommes resté a peu près deux mois auprès de la petite déesse… ». Hilarant.

    **prématurée : qui arrive avant le temps normal.

    ***Zhouzhuang : bourg de la ville-district de Kunshan.

    ****Tongli : un bourg du district de Wujiang, à Suzhou, province du Jiangsu.

    *****Xitang : est un bourg chinois situé au sud de l'embouchure du Yangzi, à proximité de la ville de Jiashan, au nord de la province du Zhejiang.

    ******Mudu : village situé à l’ouest de la ville de Suzhou, au bord du lac Taihu

    ******* Zhujiajiao : village situé au bord du lac de Dianshan, en banlieue de l’ouest de Shanghai. Surnommé « Venise de Shanghai ».

    ********la Grande Muraille : ensemble de fortifications militaires chinoises construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et à plusieurs endroits entre le iiie siècle av. J.-C. et le xviie siècle pour marquer et défendre la frontière nord de la Chine.

    *********la fête de la lune : le 15 août. Une journée pour rassembler les familles, admirer la pleine lune et manger des gâteaux.


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  • Chapitre 29: Le Tibet

    Nous sommes partis quatre mois après avoir libéré Rodrigue de sa prison. Arcadi nous a donné une voiture, du genre 4x4, ainsi qu’une route routière.

    Rodrigue a pris d’office le volant. De nous deux, il est le seul à savoir conduire.

    Je savais que la voiture ne lui faisait rien mais cela m’a quand même surprise. Tout ce qu’il a trouvé à me dire à ce sujet est qu’il me réserve encore bien des surprises. J’ai cru que j’allais le jeter dans la Volga.

    Arrivé à Kazan*, nous avons fait une halte de deux jours pour faire le plein de nourritures et d’essence. Nous ignorions à ce moment-là combien de kilomètres nous sépare de la Chine mais d’après les estimations de Rodrigue si on passe par le Tibet ce sera plus court.

    J’en doute mais bon faisons lui confiance après tout il est meilleure que moi en géographie. Et surtout il est censé avoir le sens de l’orientation. Comparé à moi.

    - Eris podría tú señalarme el norte por favor. (Eris pourrais tu m’indiquer le nord s’il te plait.)

    - Oh…por…allí. (Heu…par…là.)

    - Oh…ok…verdaderamente te eres una mierda en orientación. Nan pero porque allí tú me señala el oeste. (Ah…ok…t’es vraiment une merde en orientation. Nan mais parce que là tu m’indique l’ouest.)

    - ¿ Pero entonces por qué tú me pide el norte si lo sabes? (Mais alors pourquoi tu me demande le nord si tu le sais ?)

    - … ¿ Para burlarme de ti? (…Pour me moquer de toi ?)

    - Te detesto. (J’te déteste.)

    Et c’est sur cette bonne parole que plusieurs semaines voire un bon mois plus tard nous traversons toute la Russie et apercevons la silhouette de l’Himalaya**. Avec le brouillard et le coucher de soleil en arrière-plan : grandiose. Surtout comment les rayons du soleil découpe le profil de Rodrigue lui donnant une allure de…

    -Roi.

    Les « chemins » caillouteux nous mènent dans un petit village, au pied de cette imposante et spectaculaire chaîne de montagne, où nous nous arrêtons pour la nuit. Le moi d’octobre est déjà bien entamé. Ça veut dire que Rodrigue et moi sommes ensemble depuis plus d’un an ? Incroyable. Le temps passe si vite.

    Je le vois revenir vers moi en souriant.

    - Ven Eris. Es gente quiso albergarnos bien para la noche. (Viens Eris. C’est gens ont bien voulus nous héberger pour la nuit.)

    - O.k.. Ignoraba que hablabas tibetano. (Ok. J’ignorais que tu parlais tibétain.)

    - ¿ Hum? Oh pues bien…no hablo de eso una palabra sino la lengua de los signos es internacional entonces… (Hum ? Oh eh bien…je n’en parle pas un mot mais la langue des signes est internationale alors…)

    - ¿ QUÉ? ¿ Hablas la lengua de los signos y no me dijiste nada? (QUOI ? Tu parles la langue des signes et tu ne m’as rien dit ?)

    - ¿ Por qué tú te enerva? (Pourquoi tu t’énerve ?)

    - ¿ Por qué me pongo nervioso? ¡ Pero pobre tallarín! ¡ La lengua de los signos te habría evitado bastantes aburrimientos! ¡ Y me pongo nervioso porque no me dijiste nada! ¡ Idiota! (Pourquoi je m’énerve ? Mais pauvre nouille ! La langue des signes t’aurait évité pas mal d’ennuis ! Et je m’énerve parce que tu ne m’as rien dit ! Idiot !)

    Il me surprendra toujours. Je continue de le gronder jusqu’à la maison du couple de tibétain. L’endroit est sobre pour ne pas dire pauvre. Mais ces gens nous accueillent à bras ouvert.

    Après le repas, la femme, qui se nomme (d’après se que j’ai compris) Kurukulla***, nous montre notre chambre.

    Et tout alla très vite. Je ne comprenais plus rien. La situation m’échappa.

    La femme s’écroule en hurlant en se tenant le ventre. Ses cris alertèrent son mari qui arrive en courant. Je suis statufié. Rodrigue réagit à la vitesse de l’éclair. Il l’a pris dans ses bras et la posé sur le lit. Il me jette les clés de la voiture.

    -¡ Eris curso rápido buscar mi material médico! ¡ Rápidamente! (Eris cours vite chercher mon matériel médical ! Vite !)

    Puis il effectue une série de geste avec ses mains vers le mari qui reparti aussitôt. Je reviens peu de temps après ce dernier avec le matériel médical gracieusement offert par Arcadi.

    -¿ Ro ' quién le llega? (Ro’ qu’est-ce qui lui arrive ?)

    Il se mit au travail sans me regarder trop occuper à sa tâche. Mais il prit quand même le temps de nous mettre à la porte Karma****et moi. Il reste avec Kurukulla plusieurs heures.

    Karma et moi sommes resté assis de chaque coté du battant tout ce temps. Nous avons essayé de communiquer. C’est dur quand on ne sait pas la langue ni la langue des signes. Mais avec un peu de terre et de sable avec un petit battons nous avons réussis. J’ai réussi à apaisez ses craintes et j’apprit ainsi que sa femme était enceinte de 7 mois.

    Au bout dans certain temps, un braillement nous fait sursauter. Puis Rodrigue apparut, s’essuyant les bras en sang sur un linge, et nous fait signe d’entre. Karma se précipite auprès de sa femme qui pleure de joie en tenant son bébé.

    Un bébé. Si petit. Si fragile. Si…vivant.

    Je réceptionne Rodrigue avant qu’il ne tombe au sol. Je pose sa tête sur mes genoux. Il est épuisé.

    - ¿ Entonces? (Alors ?)

    - Es una chica. (C’est une fille.)

     

     

     

    *Kazan : ville russe.

    **Himalaya : littéralement « demeure des neiges ». C’est une chaine de montagne.

    ***Kurukulla : prénom tibétain signifiant sagesse.

    ****Karma : prénom tibétain signifiant activité. Karma est le mari de Kurukulla.


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